Depuis plus de 30 ans, l’AÉQJ se passionne pour la littérature jeunesse d’ici et ses créatrices et créateurs.
Cette rubrique, Auteur.e chouchou de l’AÉQJ, se veut un contact privilégié pour les jeunes lectrices et lecteurs ainsi que leurs différents intervenants, afin de mieux connaître ses membres, auteur.e.s jeunesse québécois et de la francophonie canadienne !
Découvrez maintenant l’auteur François-Pierre Gingras…
SUR VOTRE ENFANCE…
Jeune, lisiez-vous beaucoup ?
Adolescent, je dévorais les livres d’aventure. Je préférais les histoires auxquelles je pouvais croire et les récits où les principaux personnages étaient de mon âge.
Avez-vous toujours rêvé de devenir auteur ?
Je n’ai jamais envisagé d’écrire pour la jeunesse. Cela dit, j’ai raconté des histoires à mes enfants et mes petits-enfants et mes contacts avec les jeunes se sont enrichis à l’occasion de mes nombreuses années d’expérience comme animateur scout.
SUR VOTRE VENUE À L’ÉCRITURE…
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
En côtoyant mes petits-enfants, j’ai réalisé combien les jeunes d’aujourd’hui connaissaient peu, mal ou pas du tout certaines de nos traditions. Cela m’a amené à écrire à leur intention quelques souvenirs se rapportant à mon enfance et mon adolescence.
SUR LA PUBLICATION…
Comment vous est venue l’idée de publier ?
Des adultes ont pris connaissance de mes « souvenirs » et m’ont suggéré de les publier à l’intention des jeunes et des nouveaux arrivants. J’ai préféré recommencer l’écriture au complet à l’intention d’un large public, en situant nos traditions dans des récits de fiction se déroulant aujourd’hui.
Avez-vous écrit des pièces de théâtre ?
Non, mais ce serait un beau défi. J’adore le théâtre et je déplore qu’il y ait trop peu de théâtre pour la jeunesse.
Pouvez-vous vivre de votre travail d’écrivain ?
Absolument pas !
SUR L’ÉCRITURE…
Quelles sont vos thématiques ?
J’écris des récits de fiction pour intéresser les jeunes à nos traditions et célébrer l’amitié et les rapports intergénérationnels.
Comment se présentent vos ouvrages ?
Chaque récit s’ancre dans une tradition précise (par exemple, le 24 juin ou le carnaval d’hiver ou la cabane à sucre) ou un ensemble de traditions (par exemple, le temps des Fêtes — Noël, le jour de l’An, les Rois — ou encore les traditions rurales et l’épluchette de blé d’Inde), à l’occasion desquels des cousins âgés de 7 à 15 ans (ils vieillissent d’un récit à l’autre) vivent des aventures avec des amis nés à l’étranger.
Lisez-vous d’autres auteurs jeunesse ?
Depuis que j’écris, je suis particulièrement vigilant à ne pas m’inspirer des bonnes idées des autres auteurs… mais je suis aussi plus critique de ce qui se publie pour la jeunesse.
Y a-t-il des sujets à propos desquels il vous est difficile d’écrire ?
J’écris des récits « pour toute la famille », mais conçus pour les jeunes de 11 à 15 ans. Je suis particulièrement prudent en ce qui concerne l’éveil à la sexualité de mes personnages. Je ne m’empêche pas de placer mes adolescents dans des situations d’intimité, mais je ne trouve pas utile de décrire les gestes dans le détail. Bien que je pratique un style « réaliste » d’écriture, je ne veux pas pour autant que mes personnages soient vus comme des modèles à imiter.
Faites-vous lire votre texte pendant la période d’écriture ?
Une fois satisfait d’un manuscrit (c’est-à-dire après plusieurs révisions), je le fais toujours lire par quelques jeunes que je connais et d’autres que je ne connais pas, en leur demandant non seulement ce qui les accroche (ou non) dans mes récits, mais aussi s’ils trouvent des passages inappropriés à leur âge — et pourquoi.
Quel niveau de langage utilisez-vous ?
J’écris dans un français adapté aux caractéristiques de mes personnages. Quand mes jeunes personnages s’expriment, les dialogues adoptent parfois un niveau de langue familier, mais sans complaisance et avec le moins possible d’anglicismes. Les adultes s’expriment en général dans un français très correct, parfois même soutenu si cela colle à leurs personnages. Lorsque j’ai recours à un narrateur extérieur à l’action, il s’exprime en français québécois standard.
Y a-t-il une part de votre écriture qui est autofictive ?
Tous mes récits partent de situations et de personnes que je connais ou que j’ai connues. Comme je traite de nos traditions, mes personnages adultes relatent parfois certains faits vécus par moi, mes parents, même mes ancêtres. Cela dit, je ne suis pas un personnage de mes récits, même si le grand-père de mes jeunes héros partage plusieurs traits avec moi.
Lorsque vous terminez l’écriture d’un manuscrit, êtes-vous déjà prêt à commencer l’écriture du suivant ?
J’ai conçu une série de récits portant sur des traditions chaudes à mon cœur et j’ai fait un plan en conséquence, au moins quelques lignes précisant dans quelles situations serait vécue chaque tradition et avec quels principaux personnages. Comme j’ai une vue d’ensemble, il m’est fréquemment arrivé d’écrire des portions de texte pour utilisation future, dans un autre récit que celui sur lequel je travaillais principalement. Avant même un manuscrit complété, je m’attelle au suivant.
SUR LA LITTÉRATURE JEUNESSE…
La littérature jeunesse est-elle inférieure à celle destinée aux adultes ?
La littérature jeunesse n’est ni pire ni meilleure que celle destinée aux adultes, ce qui ne m’empêche pas de déplorer la facilité à laquelle succombent quelques auteurs.
SUR LA RECONNAISSANCE…
Que pensez-vous des prix littéraires ?
Un prix littéraire peut satisfaire l’ego d’un auteur, mais le plus important est qu’il incite les gens à lire.
Certains de vos écrits ont-ils été intégrés dans des programmes scolaires ?
Dans quelques classes, la lecture d’un de mes livres est ou a été obligatoire dans le cadre du cours de français (production écrite et explication de texte). J’ai retiré beaucoup de satisfaction de rencontrer les élèves de certaines de ces classes.
SUR VOTRE PROCESSUS D’ÉCRITURE…
Quand vous commencez à écrire une histoire, la connaissez-vous en entier ou improvisez-vous au fur et à mesure ?
Je suis très méthodique dans mon écriture. J’ai écrit un plan sommaire de ma série de huit livres et un plan assez précis de chaque récit (situations, personnages, dénouement, etc.). Mes récits demandent toujours beaucoup de recherches et de vérifications afin d’être aussi réalistes que possible : il m’arrive donc de modifier mon plan pour m’ajuster à ce qui est vraisemblable ou pour donner suite à des suggestions de mes informateurs. Par conséquent, j’ai fréquemment ajouté ou retranché à mon plan ou même laissé mes personnages me dicter telle ou telle péripétie.
Vous arrive-t-il de relire vos propres livres ?
Oui. Ils me font toujours rire et pleurer, même après plusieurs lectures.
Quel est votre livre préféré (parmi ceux que vous avez publiés) ?
Mon livre préféré, c’est toujours mon petit dernier, celui que je viens de terminer.
Pouvez-vous en résumer l’histoire ?
« C’est l’aviron qui nous mène ! » (parution en mars 2024) est un récit d’aventure et de romance d’aujourd’hui sur un fond de traditions héritées des Premières Nations, des coureurs des bois, des bûcherons et des femmes fortes du temps de la colonisation des Pays-d’en-Haut.
SUR LES SOCIABILITÉS LITTÉRAIRES…
Pourquoi faites-vous partie d’une association comme l’AÉQJ ?
J’ai adhéré à l’UNEQ à la fois par solidarité avec les autres auteurs et aussi pour bénéficier des outils fournis par cet organisme. Dès que j’ai été mis au courant de l’existence de l’AÉQJ, j’y ai adhéré, surtout pour apprendre des autres auteurs ce qui concerne le milieu de l’édition jeunesse : comment obtenir de la visibilité, faire la promotion de mes livres, avoir accès à des fonds, participer à des événements publics.
Quel est le rôle social de l’écrivain ?
Égayer l’esprit, informer, éclairer et faire réfléchir (dans des proportions variables selon les auteurs et les ouvrages).
Merci François-Pierre !
BIBLIOGRAPHIE JEUNESSE
NOTE : Vous pouvez cliquer sur l’image pour consulter les publications de l’auteur pour la jeunesse sur le site Les libraires
À paraître en 2024
- C’est l’aviron qui nous mène !
- Fiesta pour un adieu
- Douce-amère Sainte-Catherine